dimanche 3 avril 2011

Billet : misère du communautarisme


La candidate UMP lors des cantonales sur Alfortville-Sud a fait les frais d'une campagne anonyme d'ampleur par mails et courrier mettant en avant son ascendance turc pour la discréditer auprès de la communauté arménienne. Un procédé inacceptable et méprisable.

« Honte à l’UMP dont la candidate Selda GLOANEC cache ses origines TURQUES en prétendant être moitié arménienne. Honte à toi TACVORIAN, suppléant qui a oublié le génocide arménien et donc tes origines » Voilà la tonalité du mail que certains Alfortvillais ont reçut dans leurs boites mails quelques semaines avant les élections cantonales de mars 2011 de la part d'un énigmatique Magarian. Ce mail sera suivi par un courrier aux associations arméniennes d'Alfortville dans la même veine à la mi-mars, ce qui à provoqué la colère de certaine figure locale. 

Les annales des campagnes électorales fourmillent d'histoires sur ce type de basses manœuvres destinées à flétrir la concurrence. Ces manigances apparaissent finalement anecdotiques, tant il est rare que les électeurs y soient perméables. Épiloguer sur ces épiphénomènes peut même paraitre excessif. Pourtant, dans le genre crapoteux, la campagne des cantonales sur Alfortville amène sa petite pierre étant donné le caractère nauséabond des arguments.  Il y avait pourtant  matière  à des attaques politiques sérieuses si on prenait le temps de lire la prose de la candidate sarkozyste. En jetant un coup d'oeil sur son blog, ce qu'on remarque tout d'abord, c'est que ses propositions de campagne tenaient sur la tranche d'un billet de RER D. L'argument fort de cette candidature fut principalement de mettre en avant le caractère attendrissant du parcours de la prétendante. On voit bien que l'UMP n'a pas misé beaucoup sur ces élections, en travaillant sérieusement le programme notamment. Ils devaient se douter  qu'ils ne feraient que de la figuration. Finalement, le seul fait saillant de leur campagne fut un tract dénonçant l'absentéisme des socialistes dans les exécutifs locaux. Vrai, mais un peu court. Reconnaissont au moins un mérite à Selda Gloanec  : elle n'a pas caché qu'elle concourrait sous l'étiquette UMP. Surement la fougue de la jeunesse.




Mais pour revenir à cette campagne, ce procédé de dénigrement fondé sur la stigmatisation des origines de la candidate, en plus d'être inacceptable, n'a été pour rien dans la débandade de l'UMP. Selda Gloanec à recueillit 377 voix au premier tour quand son prédécesseur en 2004 en comptabilisait 1017. Pas besoin donc de ce type de manœuvre. Le bilan présidentiel parle de lui même.

D'où vient le coup bas ? Mystère. Cependant, cet épisode doit nous faire réfléchir sur les aboutissant de la conception du corps électoral comme étant la juxtaposition de communautés. Séduire les plus influentes d'entre elles consisterait à leurs proposer la plus grosse carotte. Et il faudrait stigmatiser les communautés hypothétiquement antagonistes, dangereuses ou moins influentes. Une logique boutiquière extrêmement dangereuse en somme qui capitaliserait  sur la décomposition du corps social en misant sur des "rivalités identitaires", quitte à les inventer quand elles sont fantasmatiques. Ce qui permet au passage de s'éviter la peine d'essayer de répondre à la désillusion des citoyens face à leurs représentants institutionnels. C'est aussi cette logique qu'illustre le débat « Laïcité et Islam », ardemment défendu par les représentants de l'UMP. Et qui trouve des adeptes au quotidien dans certaines municipalités. Une dérive dont Selda Gloanec est aujourd'hui victime, et qui devrait l'amener à réfléchir sur ce que défend son parti en ce moment même.

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